le 30 octobre 2025
« Penser constitutionnellement le progrès technique », RFDC, n° 143, septembre 2025, pp. 641-645.
Dossier coordonné par Pauline Türk tiré des actes du Colloque annuel de l'AFDC - Commission de la Jeune recherche constitutionnelle (Université Côte d'Azur, CERDACFF, 30 novembre 2023). Direction scientifique : Tao Hoeffner, Jean de St Sernin, Célia Tedjini
« Dans l’Antiquité grecque, la « techné » désigne les connaissances et savoir-faire mis au service de la production, de la fabrication, et de l’efficacité dans l’action. L’intelligence de l’homme peut être mesurée, selon Aristote, à l’aune de l’étendue de son savoir-faire technique et à la diversité des outils qu’il est capable de créer et d’utiliser, ce qui le distingue des animaux [1]. Les savoirs techniques sont également au cœur du mythe prométhéen, l’homme parvenant à s’élever au-dessus de sa condition naturelle grâce à la technique. La maîtrise du feu, l’habileté dans des arts et le maniement des outils préfigurent déjà, dans la mythologie grecque, les espoirs, aujourd’hui renouvelés, d’une humanité augmentée.
La technique recouvre aujourd’hui l’ensemble des procédés reposant sur des connaissances scientifiques et destinés à la production. L’expression méliorative « progrès technique » s’inscrit dans une perspective d’accroissement de l’efficacité et de la productivité grâce à l’invention et à l’innovation. Mais le progrès technique n’est pas seulement lié au développement des objets et aux savoir-faire. Il met en jeu une façon « d’être au monde » et soulève la question des finalités : « Il demeure exact que la technique moderne soit, elle aussi, un moyen pour des fins… On veut prendre en main la technique et l’orienter vers des fins spirituelles. On veut s’en rendre maître. Cette volonté d’être le maître devient d’autant plus insistante que la technique menace davantage d’échapper au contrôle de l’homme » [2]. »
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